Brèves de conseil municipal

[Délib. N°9] La relance du logement à Vanves questionne les choix d’urbanisation

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Conseil municipal du 22/03/2022 :

LE CONTEXTE : 

Le Gouvernement, pour encourager les maires bâtisseurs,propose de participer au financement des équipements que la multiplication des logements entraîne. Cette enveloppe inscrite au plan de relance est attribuée en fonction du nombre de logements dont les permis de construire (PC) seront délivrés dans l’année ( 1500€par logement). Vanves ayant « en portefeuille » plusieurs centaines de logements dans des immeubles dont les PC vont être délivré bientôt, a postulé pour 420 logements (avant de revenir à un chiffre plus bas de 319 au CM du 8 juin).
Le débat autour de cette délibération, qui visait juste à faire adopter le principe d’une subvention du plan de relance, nous a semblé éclairant sur ce sujet qui est au cœur des préoccupations des vanvéens.

Le débat

Monsieur Pierre Toulouse
Conseiller municipal Vanves Demain

C’est bien compliqué de prendre une position sur cette délibération. D’un côté, c’est difficile de s’opposer à une ressource nouvelle. L’Etat propose 1 500 € par habitation construite et c’est une aide qui est destinée à fabriquer des équipements. La ville fabrique des équipements. Globalement, on est effectivement dans une certaine logique.

D’un autre côté, afficher que l’on va chercher une aide qui est fonction du nombre de logements dont on va distribuer les permis de construire, ça risque d’être interprété par nos concitoyens comme étant une course à l’échalote en disant : “Voilà, plus on construit et plus on touche”. Sur cet esprit-là, on n’est pas sûrs que ce soit très opportun, d’autant que la plupart de ces constructions se situent dans le quartier Montholon.

Nous mettons vraiment des interrogations sur le message politique que l’on fait passer en demandant cette aide. Pour cette raison, nous allons laisser la liberté de vote au sein du groupe.

Monsieur Bernard Gauducheau
Maire de Vanves

C’est un peu le paradoxe de l’exercice. Je trouve que ce contrat de relance du logement est très bien venu parce que ça met chacun en face de ses responsabilités. Votre hésitation est bien le témoignage de l’attitude que vous avez par rapport au développement urbain où à la fois on tient des discours très politiques sur la protection de l’environnement, sur l’obligation d’éviter l’étalement urbain, de ne pas densifier la ville, et on voit bien que dans tous les sens, on est quand même coincés.

Je travaille à la région sur le SDRIF et au niveau du territoire avec vous sur le PLUI. J’ai pu m’exprimer sur la question et il va bien falloir qu’un jour on résolve la quadrature du cercle. On ne peut pas déclarer une chose et son contraire en permanence. Il y a les beaux discours que tiennent les écologistes notamment, alors que nous savons pertinemment qu’il y a un besoin de logements de toutes natures, de logements sociaux comme de logements en accession. Le delta de population par exemple en Ile-de-France fait que même s’il y a des gens qui partent, il y en a beaucoup qui arrivent et on est en déficit de 170 000 logements sur la Région Ile-de-France. Vous développez des discours très socialisants ou sociaux. Des efforts nécessaires sont attendus et ils sont aussi encouragés par l’Etat. Dans le cadre du Plan de Relance, le Gouvernement a mis en place en 2021, une aide à la relance de la construction durable dotée de 350 millions d’€ afin de soutenir et de relancer la production de logements neufs. Donc, on ne peut pas nous reprocher de faire des constructions et aussi avec un Etat qui nous encourage à le faire. L’Etat a raison, il faut bien loger les gens. Ce n’est pas parce que nous rentrons chez nous tous les jours, que nous sommes au chaud dans notre appartement que l’on ne doit pas se soucier des gens qui ne savent pas comment se loger. C’est ça la vraie question.

Je ne suis pas pour construire tout et n’importe quoi, n’importe quand et n’importe comment. Je pense à mes concitoyens et à mes administrés qui ont besoin de se loger tout simplement. Du fait de la rareté des logements, ils sont confrontés à des prix d’accession ou de location qui deviennent de plus en plus élevés. C’est ça notre équation à résoudre. Au lieu de colporter des ragots sur le bétonnage dans la commune, sur la construction qui va à tout-va comme je l’entends, je le vois et encore avec des discours complètement démagogiques sur le sujet, il faudrait enfin que ceux qui tiennent ces discours aient au moins sur ce sujet-là, et même s’ils veulent critiquer sur d’autres choses, raison garder. C’est un sujet qui est éminemment important puisqu’il concerne quand même le logement des familles. Il faudrait que l’on arrive à s’accorder.

A Vanves, ce que l’on fait, on le fait bien. Je n’ai pas le sentiment qu’ici cette équipe municipale, depuis de nombreuses années, fait n’importe quoi en matière d’urbanisme et d’aménagement urbain. Certains avec un discours très négatif disent que l’on fait du bétonnage à outrance sans savoir pourquoi ni comment. Ce n’est évidemment pas le cas. Il y a la réalité des choses et c’est pour ça que c’est important. Dans vos positions, on voit bien les contradictions qui sont les vôtres. Finalement, je les accepte, je les entends, mais quelle est la solution et comment faites-vous pour loger des gens qui ont besoin de logement, si vous dites qu’il ne faut pas construire ?

Alors ne croyez pas qu’à Vanves, je vais signer ce contrat avec l’Etat pour juste gagner quelques milliers d’euros. Évidemment quand on fait des choses, si on nous aide, c’est toujours bien venu dans la caisse de la ville, mais franchement on ne va pas produire du logement juste pour gagner les 1 500 € qui nous sont proposés par logement. Nous n’en sommes quand même pas là et ce n’est pas notre philosophie de l’action. Je tenais à le préciser.

Madame Alexia Pescreminoz
Conseillère municipale Vanves Demain

Il y a quelques années – c’était la mandature précédente – on avait organisé une réunion et je crois que certains élus de la majorité y étaient venus. Evidemment, on a des positions qui sont un petit peu moins simples que celles que vous voulez nous faire prendre. Il est évident que la densification est une piste en ville, c’est indéniable.

La question, c’est la nature des projets. Comment tout en densifiant, on préserve les terres et on fait attention à la question de l’artificialisation des sols. Comment dans des quartiers nouveaux, on anticipe un petit peu notamment sur la question des commerces. Ce n’est pas uniquement ne pas construire. C’est comment construire, etc. Je crois que c’est un peu plus compliqué que ce que vous venez de dire.

Monsieur Bernard Gauducheau
Maire de Vanves

Dans ce cas-là, vous pourriez être très à l’aise et voter facilement cette délibération avec les réserves que vous mettez en avant. Un des enjeux de notre futur Plan Local d’Urbanisme Intercommunal, ça va être justement cela, de prendre en compte ces nouveaux besoins, ces nouvelles réalités. On y répondra un peu dans la question que vous allez poser tout à l’heure par rapport au GIEC. Il y a des réalités, je ne les nie pas. Je ne vous contredis pas par rapport à ça. Les positions sont un peu trop binaires et c’est là-dessus que ça me fait tiquer parce qu’en tenant de telles positions, on n’avancera pas. On ne peut pas décemment laisser des centaines de milliers de personnes attendre un logement simplement en disant : “On est au chaud et si d’autres n’ont pas de logement, tant pis pour eux”. Si on ne fait pas des logements à Vanves, on peut toujours dire : “Ils n’ont qu’à en faire ailleurs. Je crois que c’est un sujet qui nous concerne tous.

Mr Gabriel ATTAL
Conseiller municipal LREM

On votera évidemment pour la délibération puisque l’on s’inscrit pleinement dans les objectifs du Plan de Relance. Je voudrais insister sur le fait qu’il y a effectivement le besoin de construire. On a besoin de plus en plus de logements. C’est tout à fait compatible avec un objectif de réduction de l’artificialisation des sols, de réduction des constructions en surface.

D’ailleurs je crois que l’aide qui est accordée aux communes est majorée quand c’est la transformation de bureaux ou d’espaces d’activité en logements. Dans le contrat, il y a aussi une incitation à réhabiliter ou à transformer des locaux de bureaux ou d’activité en logements. C’est cohérent avec tout ce que l’on fait sur le Fonds Friches qui fonctionne très bien pour pousser des collectivités (plutôt que d’artificialiser des sols) à réhabiliter d’anciennes friches industrielles ou commerciales en logements. Cela fonctionne redoutablement bien. On votera pour cette délibération. On s’inscrit aussi tout à fait dans l’objectif d’être en cohérence entre les discours et les votes ici. Cette délibération montre une nouvelle fois le soutien du Gouvernement et de l’Etat aux collectivités locales. Tout à l’heure dans une délibération précédente, on a vu la compensation totale de la suppression de la Taxe d’Habitation, alors même que l’on sait qu’il y a quelques années, certains doutes étaient relayés sur le fait que l’Etat tiendrait ses engagements.

Je pense que cela permet aussi de montrer une nouvelle fois, y compris à la majorité de ce Conseil Municipal, que le Gouvernement est aux côtés des collectivités locales pour leurs projets et leurs budgets, et que c’est aussi quelque chose qui peut être dit en d’autres lieux puisque c’est voté et souligné ici.

Commentaire du Coll'Vert

Le  discours de Bernard Gauducheau est bien  rôdé. Il l’a repris en grande partie le 8 juin pour la même délibération. Il est manifestement agacé par les discours anti béton qui enflent dans la Ville.  Le problème est que pour lutter contre la cherté du logement  il y a d’autres  manières que de livrer la Ville aux promoteurs pour produire du logement cher. La réquisition de logements vides, la lutte contre le développement des locations de type RbnB, le développement du parc social, la transformation de bureaux en logements (souvent difficile)…

Pour autant Bernard Gauducheau  pose de vraies questions en disant par exemple « Si on ne fait pas des logements à Vanves, on peut toujours dire : Ils n’ont qu’à en faire ailleurs » ou « Ce n’est pas parce que nous rentrons chez nous tous les jours, que nous sommes au chaud dans notre appartement que l’on ne doit pas se soucier des gens qui ne savent pas comment se loger »

Ce sont ces questions qui sont au cœur de la réflexion en cours sur le PLUI qui conditionnera la façon de faire la Ville dans les 20 ans qui viennent. Construire plus social, construire plus haut, sacraliser la pleine terre véritable ( NDLR sans  parking enterré dessous), contraindre le stationnement de surface…

Plus largement la question de l’enflure de notre Métropole diminue sa résilience  en cas de catastrophe climatique ou épidémiques  (lesquelles deviennent de plus en plus probables) et impose une réflexion sur une réorientation du développement de la Région vers des Régions voisines et un travail sur la ceinture agricole de l’Ile-de-France. BG a d’ailleurs évoqué cette possibilité lors de la séance du 8 juin en se retranchant derrière  « des impossibilités liées à la loi ».

A noter que Gabriel ATTAL  profite, comme d’habitude,  de cette délibération pour faire la pub du Gouvernement sans la moindre réflexion politique sur le contexte vanvéen (peu de bureaux transformables peu ou pas de friches…).